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Les mots qui s'imposent - Contributions des visiteurs

"La Puce Sauvage" remercie les visiteurs qui ont envoyé leur participation à ce jeu. Seules ont été retenues les contributions qui observent strictement les instructions données.
Bonne lecture !

Georges L.
liste 1 - 09/10/2005

Galapagos blues.

L'iguane, rescapé du bimensuel ouragan qui avait fracturé l'île, ternissait, pendu aux bretelles de son smoking amarante. C'était la huitième catastrophe qu'il subissait, que voulait-on lui faire expier ? Oui, il avait renié sa caste en devenant omnivore, chinant les coquillages au lieu des taons pour cette belle marinière ! Puéril saurien ! Darwin, ton antique découvreur, pourrait te dire qu'il faut une si longue attente pour séduire sur deux pieds !!

Camille V.
liste 1 - 07/10/2005

Expié.

Elle vendait la mer en bocal sur la place du marché. Il marchait sur la plage, un iguane en cage qu'il venait d'acheter. Pour la séduire, il avait chiné sans hésiter sa marinière amarante contre un smoking bon marché. Mais malgré tout, des bretelles improbables venaient ternir son image de jeune homme puéril, encore abonné au bimensuel des jeunes ado ( il en était à son huitième numéro ! ). Son animal, tout juste devenu omnivore par instinct de survie, était son seul ami. Elle lui dit que, si on tendait l'oreille, juste au-dessus du bocal, de la mer on entendait le bruit des coquillages ! Il fractura un pot, il se pencha... mais il n'entendit rien que le clapotis de l'eau.

Carmen
liste 4 - 2006

Le mot "sexuel" me fait délirer.

Sur le paquebot, au bord de la piscine circulaire, vêtue de mon monokini léopard, avec mes jumelles je regarde les plantes urticantes, placées dans un coin vétuste. Tout n'est pas au diapason, une querelle éclate avec un homme qui n'est pas inodore, il ne sent pas les parfums qui fleurissent dans une roseraie. Il proteste et véhicule sa colère de long en large. Ce n'est pas aujourd'hui que je "conclurai"...

  (Note de LPS : Pour cette contribution, ainsi que les quatre suivantes, le message d'origine a été perdu, donc également la date précise d'envoi. )
Marie
liste 1 - 2007

Ma passion.

J'ajuste les bretelles de mon sac à dos à la belle couleur amarante et me voilà prête pour mon rendez-vous bimensuel avec la nature. En effet, tous les quinze jours je fracture ma tirelire et je pars à la recherche de la huitième merveille du Monde. J'aime chiner au hasard, soit le long des plages où je ramasse des jolis coquillages qui viennent enrichir ma collection pourvue de trés beaux spécimens, ou dans les musées océanographiques. C'est d'ailleurs là que j'ai vu un iguane vert de toute beauté. Je pensais même qu'il avait mis son smoking afin de me séduire et moi, dans ma belle marinière, je l'admirais. Il n'est pas omnivore, non, c'est un folivore : il se nourrit de feuilles, c'est un végétarien de naissance.

J'aime la nature sous toutes ses formes et il est bien dommage de ternir son image. Mais il est certain qu'un jour nous aurons à expier les méfaits que nous lui faisons subir . Il est puéril de penser le contraire.

Patrick
liste 2 - 2009

Les petits.

Les lunettes dans le cartable, le visage parfumé à la savonnette, nous partons franchir le portail de l'école. La route qui nous y méne, au regard enfantin sera un paysage lunaire bordé de palmiers. Tout comme le château d'eau sera peut-être transformé en oléoduc bicolore et sidérurgique, modéle créé des souvenirs de l'histoire d'hier soir. Devrais-je exciter ou temporiser leur imagination, couvrir de sagesse paternaliste leur délire que certains pourraient declarer délirant, voire caractériel ? Je n'en ai aucune envie. Je préfére chanter avec eux même si, moi, je sais que je ne les méne peut-être pas sur la route du bonheur.

  (Note de LPS : L'envie d'accompagner ce texte d'une photographie de Robert Doisneau !)
Denis
liste 4 - 2010

Triste safari.

Un paquebot vétuste l'avait véhiculé jusqu'à ces terres éloignées d'elle. Il sentait bien que leur diapason sexuel commençait à délirer et que leurs querelles en devenaient urticantes. Avec ses jumelles, il jeta un regard circulaire sur la brousse qui fleurissait déjà, protestant que le léopard restait inodore et caché.

  (Note de LPS : Difficile de faire plus court !
Un texte d'environ une centaine de mots est souhaité, mais l'exercice de style réalisé ici mérite que cette contribution ne soit pas écartée.
Sylvie
liste 1 - 2010

Flâner n'est pas pécher.

J'aimais bien ses bretelles couleur amarante revigorant l'éclat de son smoking fripé. C'était un passant, juste un passant étrange... L'iguane qui marchait à ses côtés semblait sourire... Complicité me dis-je, restons en éveil... Je décidais de les suivre séduite par leur curieuse alliance.

Chiner sur les marchés bimensuels de la ville omnivore, fracturer en flânant l'indigence des jours par les reflets-mémoire de vieux miroirs ternis, alimentait les rêves puérils dans lesquels l'homme en frac défraîchi trouvait fort bien sa place. Il émergeait sans doute d'une sombre aventure dont les péripéties voilaient encore son regard...

Soudain je sus : l'homme expiait quelque mal indicible ! Au détour d'une allée je le perdis de vue. Un enfant renfrogné, culottes courtes et marinière hors d'âge m'offrait, pour la huitième fois, d'acheter "pour pas cher" des coquillages vides, je cédais.

L'objet est là maintenant, posé près de cheminée, je le contemple comme on lit une énigme car il est seul vestige de ce qui fut et ne fut pas, en vérité...

(Note de LPS : Quelques années sans recevoir de nouvelles participations pour enfin prendre conscience que la procédure d'envoi des messages n'était plus valable !
Merci à Vanina dont l'envoi de sa contribution par "copier/coller" dans un courriel a permis de déceler ce problème.
Solution enfin apportée en 2019.)
Vanina L.
liste 3 - 25/12/17

Et tout cela pour une Blonde...

"Docteur, souffrir ainsi n'est plus possible !", gémit la veuve Guibert.

Le médecin brandit alors une sorte de catalogue et se mit à feuilleter frénétiquement les pages de ce grimoire cubique qu'il traînait dans sa sacoche verdâtre depuis des lustres.

Dehors, les renoncules puisaient déjà au sol une eau plus fraîche et se réchauffaient des dernières chaleurs d'un soleil étouffé par les premières givrées de l'automne.

Sa jeunesse, cet érudit passionné d'art et fasciné par la capitale et ses mille attraits était allé l'enterrer dans un cabinet de petit généraliste de campagne. Lui pourtant si vif d'esprit, sémillant, élégant autrefois... Le minuscule portrait photographique à droite de l'article vantant l'arrivée de ce fringant praticien, autrefois accompagné d'une belle et jeune épouse qui le quitta l'année suivante, marmot sous le coude, jaunissait sur le mur à mesure que blanchissaient ses tempes dégarnies et fauchées par les ans.

Son regard projeté au travers des lucarnes encrassées l'invitait bien souvent à s'évader de ces moments sans vie. Ces rêveries le renvoyaient au bon vieux temps chez les scouts où, en sémaphore, on n'est jamais tout à fait seul.

Sans nul autre ici que lui, sans âme alentour que cette vieillarde geignant trois fois par semaine dans son cabinet et dont il ne savait plus par quelle potion lui soigner son hypochondrie, il subissait le temps qui mettait en péril son avenir comme un souffle galopant sur la flamme d'une bougie, vacillante, prête à s'éteindre. Sentiment de défaite sur sa vie exacerbé par ces doigts courant en vain sur les pages, à la recherche de l'élixir de jouvence qu'il aurait tant aimé pouvoir se prescrire à lui-même aujourd'hui s'il en avait seulement détenu la formule.

  (Note de LPS : Belle participation, mais le texte est peut-être un peu trop long, ce qui facilite l'incorporation des mots imposés ! )

  (Note de LPS : Le verbe "expier" a été remplacé par le substantif "expiation". "omnivore" figure trois fois ! )