A h ! douce syrinx,
tu évoques une muse dont s'éprit un dieu grec.
De lui, le nom ne peut être dit : il est de trois lettres et celle du milieu est ici prohibée. Son dehors est connu, moitié homme et moitié bouc. Oui, je dis bien, moitié bouc : le front s'orne de cornes et, des pieds jusqu'en ceinture, tout est hircin. Même se trouve une queue, courte queue de chèvre, c'est tout dire !
On ne peut ignorer que les origines de ce dieu sont objet de controverse. De qui est-il le fils ? En ce qui concerne le père, Hermès et Zeus sont communément cités. Et côté mère me direz-vous ? Une nymphe c'est sûr, une fille de Dryops, ou peut-être une Pénélope qui n'est point, semble-t-il, celle connue comme épouse d'Ulysse. Les sources sont multiples, se recoupent ou divergent...
Dieu rustique, protecteur des brebis et des moutons, des génisses et des bœufs, il tient houlette de berger et les bois et les prés l'hébergent. Chevelure hérissée et crépue, joues velues, ivre souvent dit-on. Entiché de jeunes vierges, il guette, du creux des buissons ou de derrière les rochers, les nymphes imprudentes et les poursuit de son empressement importun.
Syrinx, tu fus l'une d'entre elles, Ovide en témoigne, et point l'unique dont le bouquin se soit épris ! En fuite, en quête de refuge, tu joignis les bords d'une rivière. De tes lèvres sortit une prière qu'entendirent tes sœurs de l'onde. Ce sont elles qui firent de toi ce que tu es devenue.