I l est un pays : ô

comme cela semble bon y séjourner ! Là demeurent les gouvernants du monde des hellènes, pas leurs chefs temporels, non, plutôt les êtres non mortels peuplant l'espace fabuleux de leurs cœurs.

Lorsque parut au jour Pan, enfant mâle d'Hermès, son aspect effraya sa mère, ou peut-être cette femme chargée d'assurer les repas lactés du bébé, sa nounou en somme. Bref l'une ou l'autre eut (ou eurent, à vous de trancher) peur de cet enfant en cornes et en sabots, à la peau déjà couverte de duvet par tout le corps. Maman ou nurse, celle dont je parle, les deux peut-être, se sauva ou se sauvèrent sans demander reste.

Le père, en revanche, fut enchanté. Quelle cause à cet engouement ? On peut se le demander. Peut-être bonnement la fortune d'être père, de garçon au reste. Ou de posséder un rejeton né de son amour pour l'attrayante nymphe pourchassée dans la forêt quelques lunes auparavant. Se peut encore que l'apparence du marmot l'amusa, tout bêtement !

Hermès, son lardon enveloppé dans des peaux de bête, gagna l'Olympe, séjour de Zeus et de ses compagnons. Tous connurent le même enchantement que le père à la découverte de l'enfançon. Quel sujet à cet emballement ? On se le demande encore.

Une grande fête célébra l'événement. Un banquet accompagné de chants et de danses au son des lyres célestes, une harangue prononcée par Zeus en personne. Assurément ce fut du tonnerre ! La croyance veut que cette joyeuse et respectable assemblée donna à Pan son nom. Ce nom étonnant et détonant.