É moi du tympan,
joli multi-flûtiau aux sons cristallins, conçu par Pan pour fruit d'un amour bouillonnant mais insatisfait, ton chant divin parcourant l'air y assoit sa domination jusqu'à l'infini.
Syrinx a couru, par champs, par vaux, accrochant son chiton aux dards mordants du buisson. Plus tard, au bord du flot, là où son pas la conduisit sans pouvoir fuir plus avant, il n'y avait plus dans sa main qu'un atout pour sortir du mauvais pas : l'invocation. On connut son imploration, on la satisfit, d'atours d'arundo la couvrant illico.
Lorsqu'à son tour Pan parvint au talus contigu au lit du Ladon, Syrinx avait disparu. Pan s'affaissa. Aucun soupir, aucun sanglot, mais l'agitation du corps montrait tout à la fois son chagrin, son courroux. Alors, laissant là sa prostration, s'avouant vaincu, sachant qu'un sort puissant avait produit la volatilisation du corps qu'il courtisait, il arracha d'un coup joncs ou bambous (ou quoi d'approchant ? Schilfrohr dit-on, franchissant Rhin), puis y noya son front.
Or l'air s'agitant dans un doux tourbillon lui fit ouïr mil sons chantants produits par mil tuyaux. Surpris, ravi, Pan sourit alors. Il comprit qu'ainsi, plus jamais, il n'irait sans avoir là, sous la main, oblation ou garant d'un amour si charmant.
Son poignard tailla un, puis trois, jusqu'à dix ou plus (ou moins, qui sait ? ) tuyaux, longs plus ou moins, qu'il juxtaposa, accola, utilisant liant (glu ou amidon ? ), au final ligatura. À l'outil musical on donna syrinx pour nom. Syrinx dont il joua (ou jouit ? ) jusqu'au matin.