O lympe ! La nuit,
la résidence des dieux retentit de leurs cris, de leurs rires et de leurs chants.
Le nectar emplit les cratères et se déverse dans les gargamelles, titillant les amygdales divines. Des flambeaux de cire et de résine illuminent le spectacle de naïades nues dansant aux accents de la lyre, de la cithare, de la sambuque et d'autres instruments aussi, mais ceux-là je ne sais de quelle manière ils s'appellent, et si je le sais il se peut que je ne puisse le dire ici.
Cette féerie céleste devrait divertir Pan, lui faire délaisser sa tristesse, mais rien ne saurait en cet instant lui changer les idées. L'esprit et l'âme ne pensent qu'à celle qui s'est refusée à lui, qui a dédaigné l'empressement qu'il lui manifestait, qui a préféré fuir au lieu de se résigner à apaiser sa flamme.
Aussi préfère-t-il s'en aller, quitter le belvédère des déités et redescendre vers ces quartiers de la terre que peuplent les humains mais également cet entre-deux des nymphes, dryades, faunes et satyres, vers ces pays de prairies, de sylves et de rivières, vers cet univers qui est le sien, sur lequel il règne et qu'il préfère aux vanités du cercle des éternels.
Étendu dans l'herbe fleurante, il se laisse aller et se répand en cris et gémissements qui effraient bêtes et gens. Puis, enfin apaisé, il se saisit de sa syrinx, la serre et la caresse ainsi qu'il le ferait s'il s'agissait de la nymphe, l'attire à ses lèvres et entame une tendre berceuse sur laquelle ses yeux finissent par se fermer.